Démontrons tout d'abord une propriété de P et Q, indépendamment du lieu de P et Q.
BC est la médiatrice de PT, et AB celle de PV. Donc B est le centre du cercle circonscrit à PTV.
La médiatrice de TV passe donc par B et est la droite BQ.
De même la médiatrice de TU passe par C et est la droite CQ.
<)PBC = 1/2 PBT = PVT = ABQ, et de même <)PCA = BCQ
En d'autre termes
Q est le conjugué isogonal de P |
Définition :
Quand P parcourt un lieu (L), le conjugué isogonal Q de P parcourt un lieu (L') appelé le conjugué isogonal de (L).
P parcourant maintenant une droite (d) quelconque.
Soit Q1 l'intersection de BQ et (d). I1, J1 les intersections des bisectrices de l'angle B avec (d).
(P,Q1,I1,J1) est harmonique, ceci définit l'involution P ↔ Q1, de points fixes I1 et J1.
De même Q2 intersection de CQ avec (d), et les bisectrices de C coupant (d) en I2, J2 définissent une involution
P ↔ Q2.
Le produit de ces deux involutions définit une homographie Q1 → Q2 sur (d) et par
projection une homographie entre les faisceaux de droites B* et C* :
BQ1 → CQ2.
Le théorème de Chasles-Steiner indique alors que Q, intersection de BQ1 et CQ2,
décrit une conique, qui passe d'ailleurs par B et C.
Par symétrie des rôles de A,B,C, elle passe bien sûr aussi par A.
L'applet illustre les homographies Q1 → Q2 et BQ1 → CQ2.
(d) est définie par les points I1, J1 déplaçables sur les bisectrices de l'angle B.
Q1 déplaçable est le point courant dans ces homographies.
Le conjugué isogonal d'une droite (d) quelconque est une conique circonscrite à ABC |
Par homothétie de rapport 2 de centre P, le points T,U,V sont alignés dans les mêmes conditions.
Le cercle circonscrit à TUV devient alors la droite de Steiner TUV, et son "centre" Q est le point à
l'infini dans la direction perpendiculaire.
Selon les intersections de (d) avec le cercle circonscrit, il y aura ainsi 0, 1 ou 2 points à
l'infini sur la conique lieu de Q.
La conique lieu de Q est une ellipse, une parabole ou une hyperbole selon
la position de (d) par rapport au cercle circonscrit à ABC. Les asymptotes sont perpendiculaires aux droites de Simson des intersections de (d) avec le cercle circonscrit. |
Dans l'applet, la droite (d) est librement définie par les points déplaçables d et d'
La conique est tracée par 5 points : A, B, C et les images q et q' des points d et d' définissant la droite.
Le quatrième point d'intersection D de la conique avec le cercle circonscrit est obtenu quand P est à l'infini.
Il est ainsi le symétrique par rapport au centre de la conique du point Q quand P est la projection de O sur (d).
ceci permet de construire le centre Ω ainsi que les asymptotes s'il y en a : perpendiculaires aux droites de Simson passant par Ω
Dans le cas où (d) est un diamètre du cercle circonscrit, les droites de Simson des points
diamétralement opposés sont alors perpendiculaires et l'hyperbole est une hyperbole équilatère.
Lorsque P vient en O, Q devient le point isogonal conjugué de O, c'est à dire l'orthocentre de ABC.
Ceci n'est pas surprenant car :
Les hyperboles équilatères circonscrites à un triangle ABC forment un faisceau, de points de base A,B,C,H. |
Enfin les droites de Simson des points d'intersection de (d) avec le cercle circonscrit
sont ici en fait les asymptotes elles mêmes.
L'hyperbole étant définie de façon projective (par le théorème de Chasles-Steiner),
la démonstration la plus directe sera une démonstration projective.
Considérons l'hyperbole H associée à une droite (d) donnée,
et soit (h) une de ses asymptotes.
Soient D,E,F les points où les côtés de ABC coupent (h).
D',E',F' les points où les hauteurs de ABC coupent (h).
L'homographie de (h) sur elle même définie par (D,E,F) ↔ (D'E'F') est en fait
l'involution de Desargues φ induite sur (h) par le faisceau des hyperboles équilatères définies
par A,B,C,H.
En effet des hyperboles dégénérées de ce faisceau sont constituées d'un côté et de la hauteur associée.
Le point à l'infini de (h) est inchangé dans cette involution, puisque c'est le point de contact de l'hyperbole
considérée H et de son asymptote (h).
Considérons ensuite la projection λ de centre H de (h) sur la droite de l'infini.
Elle fait correspondre les points D',E',F' aux points à l'infini
A∞,B∞,C∞,
intersections des hauteurs avec la droite de l'infini.
Etant une projection, elle conserve invariant le point à l'infini de (h), intersection des deux droites.
Considérons maintenant la composition α de ces deux homographies c'est à dire l'homographie de (h) sur la
droite de l'infini définie par
(D,E,F) → (A∞,B∞,C∞)
Le point à l'infini de (h) étant invariant dans φ et λ, il est invariant dans leur produit α
L'homographie α qui conserve le point d'intersection des deux droites est donc une projection.
En d'autres termes les droites joignant les points homologues
DA∞, EB∞, FC∞ sont concourantes au centre de cette projection.
Mais DA∞ est la perpendiculaire en D à BC (parallèle à la hauteur AH)
Les perpendiculaires en D,E,F aux côtés de ABC sont donc concourantes,
ce qui est la réciproque du théorème de Simson,
et donc (h) est la droite de Simson elle même dans la direction de (h).
L'applet illustre les homographies m → m'= φ(m) et la conique associée du faisceau (coupant (h) en m et m'),
m' → m'∞ = λ(m') et finalement m → m'∞ = α(m),
les points à l'infini étant illustrés par les droites m'λ(m') et mα(m), parallèles donc puisque ayant
même point à l'infini m'∞.
Le centre ω de l'hyperbole (l'intersection des droites de Simson perpendiculaires)
est sur le cercle d'Euler de ABC.
Remarque : le 4ème point S d'intersection de l'hyperbole avec le cercle circonscrit est le symétrique
de H par rapport au centre ω de l'hyperbole.
En effet il appartient à la fois à l'hyperbole (symétrique de H par rapport à ω) et au cercle circonscrit
(homothétique de rapport 2 de centre H du cercle d'Euler).
En résumé pour notre cas où P parcourt une droite (d) passant par O :
Le lieu de Q est une hyperbole équilatère passant par A,B,C, et l'orthocentre H.
Ses asymptotes sont les droites de Simson des intersections de (d) avec le cercle circonscrit. |
L'hyperbole de Kiepert est une des hyperboles équilatères circonscrites à ABC.
Elle passe en particulier par le centre de gravité G de ABC.
Le point P correspondant est le conjugué isogonal de G, c'est à dire le point de Lemoine K de ABC,
point de concours des symmédianes.
Notre hyperbole est donc l'hyperbole de Kiepert quand la droite (d) est la droite OK, appelée l'axe de Brocard de ABC.
L'hyperbole de Kiepert est la conjuguée isogonale de l'axe de Brocard OK. |